Louise Weiss

En 2019, un tout nouveau collège voit le jour à Cormeilles. Suivant l’avis des collégiens et du Conseil municipal, le Conseil départemental décide de le baptiser du nom de la journaliste, une figure nationale pas étrangère à la ville.

« L’été triomphait. Des moucherons dansaient dans la lumière. De la cuisine, séparée de la maison par une cour sablée, s’échappaient des odeurs de confitures et boudins qui se mêlaient au parfum des œillets plantés en bordure des massifs. Sous la ramure d’un cèdre,
on voyait à l’horizon onduler la plaine du Pecq… »1

Nous sommes à l’été 1914, sur la butte de Cormeilles. Quelques semaines avant la déclaration de guerre, la jeune Louise Weiss est venue visiter Louis Gonse (alors maire de Cormeilles) et son épouse Anna Ellisen, dans leur maison aujourd’hui disparue de la rue de Franconville. Anna est la grand-tante de Louise, ce qui n’empêche pas cette dernière d’appeler le couple « mon oncle » et « ma tante ».

Louise est venue apporter une bonne nouvelle : à 21 ans (elle est née à Arras en 1893), elle vient d’obtenir l’agrégation de lettres. Mais très vite, la guerre éclate. Réfugiée avec sa famille à Saint-Quay Portrieux2 en Bretagne, Louise Weiss
s’emploie à y créer un hôpital militaire et un refuge pour les sinistrés. Témoin des horreurs de la guerre, elle devient convaincue de la nécessité pour les pays européens de s’unir a n d’assurer la paix.

A la même période, elle devient journaliste, d’abord pour Le Radical, sous le pseudonyme de Louis Lefranc. Début 1918, elle crée son propre journal, L’Europe nouvelle. Cette revue, une des rares de l’époque dirigée par une femme, diffuse des idées pacifistes et pro-européennes (elle encourage notamment le rapprochement avec l’Allemagne), avec la collaboration d’auteurs comme Maurice Genevoix ou Guillaume Apollinaire. En 1934, suite à l’arrivée d’Hitler au pouvoir, Louise Weiss quitte la publication.

La même année, elle crée l’association La femme nouvelle. Persuadée de l’importance de placer des femmes à des postes de pouvoir politique, elle participe à de nombreuses manifestations. Elle va jusqu’à se présenter aux élections municipales de Paris en 1935, un acte encore illégal qui la fera arrêter.

La Guerre froide est une période prolifique pendant laquelle elle publie des romans, des mémoires ainsi que des récits de voyage et des documentaires.
A 86 ans, c’est la consécration : Louise Weiss est élue députée aux premières élections européennes en 1979. Elle ne finira pas son mandat puisqu’elle décède à Paris le 26 mai 1983.

L’engagement européiste et féministe de Louise Weiss a donné lieu à plusieurs hommages. Parmi eux, le nom du troisième collège de Cormeilles-en-Parisis fait planer dans la ville le souvenir de la visiteuse de 1914.

Louise Weiss (derrière le micro) manifestant pour le droit de vote des Françaises, 1937 (BNF)

Actualité publiée le jeudi 04 juillet 2024